top of page

voir les ressources sur l'art

« Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! » 


Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, « L'étranger »

 

« Ami, chacun a son livre, et, voyez-vous, dans l'évangile comme dans le paysage, la même main a écrit les mêmes choses. Quant à moi, je pense que toutes les faces de Jéhovah veulent et doivent être contemplées, et cette idée règle et remplit toutes mes rêveries depuis vingt ans ; vous le savez, vous, Louis, qui m'aimez et que j'aime. Je pense aussi que l'étude de la nature ne nuit en aucune façon à la pratique de la vie, et que l'esprit qui sait être libre et ailé parmi les oiseaux, parfumé parmi les fleurs, mobile et vibrant parmi les flots et les arbres, haut, serein et paisible parmi les montagnes, sait aussi, quand vient l'heure, et mieux peut-être que personne, être intelligent et éloquent parmi les hommes. Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout. »

 

Victor Hugo, Le Rhin, lettres à un ami, Lettre XXVIII

 

« Mon maître, à ce que j’ai vu dans mille occasions, est un fou à lier, et franchement, je ne suis guère en reste avec lui ; au contraire, je suis encore plus imbécile, puisque je l’accompagne et le sers, s’il faut croire au proverbe qui dit : Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es. »

 

Cervantes, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, chapitre X

Screen Shot 2024-10-16 at 22.36.48.png
medium_ad15cf489173f489e308c7fa891e11507f1563d0.jpg
Screen Shot 2025-09-11 at 13.16.11.png

NINA – Pourquoi dites-vous que vous avez baisé la terre sur laquelle j’ai marché ? Il faut me tuer. (Elle se penche vers la table.) Je suis si fatiguée. Me reposer... me reposer. (Elle lève la tête.) Je suis une mouette... Ce n’est pas ça... Je suis actrice... Mais oui. (Entendant le rire d’Arkadina et de Trigorine, elle prête l’oreille, court vers la porte de gauche et regarde par le trou de la serrure.) Lui aussi est là... (Elle revient vers Treplev.) Mais oui... Ce n’est rien... Oui... Il ne croyait pas au théâtre, il se moquait toujours de mes rêves, et j’ai fini par cesser d’y croire, moi aussi, j’ai perdu courage... Puis les tourments de l’amour, la jalousie, la crainte continuelle pour mon petit. Je devenais mesquine, insignifiante, je jouais bêtement... Je ne savais que faire de mes mains, comment me tenir en scène, je ne contrôlais pas ma voix. Vous ne connaissez pas cette situation : sentir qu’on joue abominablement ? Je suis une mouette... Non, ce n’est pas ça. Vous souvenez-vous d’avoir tué une mouette ? Un homme passait là par hasard, il l’aperçut, il la perdit, par désœuvrement. Un sujet pour un petit conte... Ce n’est pas ça. (Elle se frotte le front.) Où en étais-je ? Je parlais du théâtre. Maintenant, je ne suis plus la même. Je suis devenue une véritable actrice, je joue avec délice, avec ravissement, en scène je suis grisée, je me sens merveilleuse. Depuis que je suis ici, je marche beaucoup, je marche et je pense intensément ; et je sens croître les forces de mon âme... Je sais maintenant, je comprends, Kostia, que dans notre métier, artistes ou écrivains, peu importe, l’essentiel n’est ni la gloire ni l’éclat, tout ce dont je rêvais, l’essentiel, c’est de savoir endurer. Apprends à porter ta croix et garde la croyance. J’ai la foi, et je souffre moins, et quand je pense à ma vocation, la vie ne me fait plus peur.

Screen Shot 2025-09-18 at 19.19.11.png
Screen Shot 2025-09-01 at 17.32.56.png
bottom of page