Illusions perdues est un roman d'Honoré de Balzac, qui relate l'ascension sociale et la déchéance, sous la Restauration, de Lucien Chardon, jeune poète de province. Adulé par les siens (Eve, sa sœur, et David Séchard, son beau-frère, ingénieux imprimeur) et brillant en borgne au milieu des aveugles de province, Lucien monte à Paris pour y être reconnu comme le grand auteur qu’il croit être, en compagnie de Louise de Bargeton, sa protectrice. Lors d’une soirée à l’opéra, le ridicule de la mise de Lucien et celui des manières de Louise, provoquent leur disgrâce mondaine. Louise congédie alors Lucien pour n’avoir plus à subir la honte d’être vue en sa compagnie. Lucien tente de faire éditer Les Marguerites, le recueil de poèmes qu’il considère comme un chef-d’œuvre, mais perd ses illusions en découvrant toutes les bassesses du milieu de l'édition et du journalisme. Le parcours malheureux de Lucien se déroule en contrepoint de deux cercles vertueux : sa famille restée à Angoulême et le Cénacle, composé de « vrais grands hommes » autour de l’incorruptible Daniel d'Arthez, qui préfèrent la vérité et l’amitié à la reconnaissance. Lucien, comme un papillon brûlant ses ailes à la lumière de la gloire, est victime d’intrigues politiques que sa naïveté et son orgueil n'ont pu lui permettre de prévoir (les journalistes ne lui pardonnent pas d’avoir rallié le parti royaliste pour récupérer l’usage du nom et de la particule de sa mère, née Rubempré). Il perd également sa maîtresse, l’actrice Coralie, dont la santé et la carrière sont anéanties par la cabale ; il cause la ruine de sa famille et revient en misérable à Angoulême. Il est sauvé du suicide par l'apparition impromptue du prétendu abbé Carlos Herrera, qui n'est autre que l’infâme Vautrin. Celui-ci en fait son âme damnée en lui offrant l’argent permettant de faire sortir David de prison et rentre avec lui à Paris. La suite est racontée dans Splendeurs et misères des courtisanes.
« La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent. »
Marx et Engels – Manifeste du parti communiste





