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«Ce film aux oubliés de la France contemporaine. » Pendant plus d'une année, Marcel Trillat, grand reporter à France 2, a écumé l'Hexagone à la recherche des ouvriers pour en faire un documentaire, « les Prolos ». De l'usine 3M, à Beauchamp, qui fabrique des Post-it et des abrasifs, aux chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), il est parti à la rencontre de ces prolétaires, disparus dans le flot des vagues de licenciements et autres plans sociaux. « Une épée de Damoclès au-dessus de la tête » « J'avais cette idée depuis longtemps, raconte Marcel Trillat. Je constatais qu'une catégorie sociale extrêmement importante, productrice de richesses, avait été escamotée. Il n'y en avait plus que pour les entrepreneurs, les patrons vedettes à la Jean-Marie Messier. » Issu d'une famille de petits paysans, Marcel Trillat a réalisé de nombreux reportages sur les ouvriers : « J'avais cette vision un peu romantique d'une classe ouvrière combative qui, dans les années 60-70, avait lutté pour obtenir de meilleurs traitements ; et, d'un autre côté, j'entendais certains dire que les ouvriers n'existaient plus en France depuis la crise des années 80-90, et qu'on s'en passait très bien. J'étais décidé à aller voir ce qu'il en était. » Tendre son micro à tous, filmer les prolos au boulot, jeunes et moins jeunes, syndiqués ou non, ouvriers et patrons, c'était le pari du grand reporter. « Ce qui m'a frappé, c'est l'extrême diversité du prolétariat, confie Marcel Trillat . Mais tous savent que, du jour au lendemain, la production peut s'arrêter. Aujourd'hui, les ouvriers vivent avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. La classe ouvrière se recroqueville sur elle-même, en marge de la société. Et, contrairement à ce qu'on pouvait penser il y a quarante ans, on assiste à de véritables régressions. Les patrons ont trouvé la tactique en utilisant bon nombre d'intérimaires. Mais le modèle ultra-libéral n'est pas non plus viable. Une société ne peut pas vivre sans ses ouvriers. »